La vie, la gestion d’une Très Petite Entreprise du e-commerce s’est foncièrement transformée au cours de la décennie. Pire, pour celles qui tentent d’exister, voire de survivre sur la toile, leurs moyens ne cessent de se raréfier. C’est presque devenu la quadrature du cercle. Le maître mot, visibilité, et Il n’y a qu’à lancer une recherche sur un moteur du même nom pour constater bien souvent leur absence. Le web, dans le cadre du commerce B2C, se résume bien souvent, pour l’internaute, aux deux premières pages de Google, ces mêmes pages trustées par les seuls poids lourds du net. Ce n’est pas gagné.
Le petit cyber-marchand en quête de plus de visibilité, après avoir cramé une bonne partie de sa trésorerie dans le référencement payant devenu inaccessible, merci aux acquisitions via des enchères, se tourne par dépit vers les places des marchés, seule planche de salut espérée. Ces mêmes places des marchés, misent en place par leur(s) géniteur(s) qu’à des fins de rentabilité. Vous imaginez, une vitrine superbement achalandée, pas de stock, pas de SAV et des commissions qui dépassent bien souvent la rentabilité de leurs ventes en direct. Pour preuve, quel acteur important du web ne possède pas sa place des marchés.
Entre les commissions et autres frais de gestion reversés, les marges déjà bien minces se réduisent comme peau de chagrin. Alors, point d’autre solution que d’augmenter les prix de vente. Au final, c’est le pouvoir d’achat de tous qui s’en retrouve altéré. Mais voilà, bien que n’étant pas moins chers, ces plateformes de vente en ligne font tout pour en avoir l’air. Service ajoutés, port gratuit qui bien souvent n’est qu’un leurre car intégré dans le prix de l’article, retour des articles dans des délais improbables, aussi long qu’une mise en bière d’un VIP, évaluations positives. Bref, la liste est longue et bien souvent pas toujours très utile.
La donne va être encore modifiée par l’arrivé sur les places des marchés d’acteurs beaucoup plus exotiques et plus incisifs que ceux déjà côtoyés. Nous pestions contre nos concurrents anglais, allemands voire américains souvent mieux armés sur le plan des dépenses fiscales et sociales, il va falloir compter avec les vendeurs chinois. Amazon, pour attirer les vendeurs chinois, baisse déjà drastiquement les tarifs de FBA (Fulfillment by Amazon) aux Etats Unis, pour les petits produits, pour contrer Alibaba. Nous pouvons penser que le reste du monde suivra. Cdiscount, pour certains produits fait la part belle aux revendeurs chinois. Il n’est pas sûr que les petits acteurs français puissent bien longtemps résister.
Des voix s’élèvent, et non des grandes, sur le devenir du web. Patrick Robin* au travers d’un article du JDN titre « Amazon prime sera la pierre tombale de nombreux distributeurs français » Jacques-Antoine Granjon**, en rajoute une couche et se rend compte qu’Amazon va tuer les distributeurs. Bref, il y a une prise de conscience qui pointe son nez et c’est tant mieux.
Flippante; telle est cette évolution perpétuelle, sans cesse redessinée par une poignée d’acteurs du net, qui redistribue les cartes dans une partie de poker, où les règles sont faussées, où le petit cyber-marchand n’a plus vraiment de jeu et où l’internaute cadence la partie.
N’est-il pas déjà trop tard ?
* PDG et fondateur du site de commerce vente-privée.com
** Fondateur entre autre du concept Easylife Premium.
Par Jean Paul Henry